L’histoire de l’École normale de musique de Paris

L’histoire de l’École normale de musique de Paris

Le fondateur : Alfred Cortot

Alfred Cortot naît le 26 septembre 1877 à Nyon, en Suisse.
Il commence l’apprentissage du piano à cinq ans, auprès de ses deux sœurs.

Conservatoire

En 1886, la famille emménage à Paris dans l’objectif de le voir entrer au Conservatoire. L’un des professeurs, Émile Decombes, l’accepte dans sa classe en auditeur. Il se présente l’année suivante pour réussir le concours d’entrée. Il rencontre des élèves directs de Frédéric Chopin, ce qui le marque pour toute sa vie. En 1896, alors qu’il a presque dix-neuf ans, il se montre déjà brillant au concours, notamment par son interprétation de la Quatrième Ballade de Chopin : il remporte alors le Premier Prix, à l’unanimité du jury, et seul nommé.

Chopin

“ Je sentis tout à coup la musique entrer en moi, non pas avec ses notes, mais avec son sortilège, sa faculté d’irradier, de transmettre l’incommunicable… […] De ce moment, je compris ce que suscitait la musique et comment la vocation d’interprète pouvait transcender le métier de pianiste. Je savais, je voyais, je croyais, j’étais désabusé. “

Alfred Cortot

Bayreuth

La découverte de la musique de Wagner lors d’un voyage à Bayreuth est un tel choc qu’il décide de devenir chef d’orchestre. De retour en France, il convainc la comtesse Greffulhe de financer la première exécution du Crépuscule des Dieux en France qu’il dirige lui-même le 15 avril 1902 : c’est un triomphe. Il sera répétiteur au Festspielhaus de Bayreuth en 1901.

Chef d’orchestre

Il crée en 1903 son propre orchestre et dirige ainsi les premières en France du Requiem allemand de Brahms et de la Missa solemnis de Beethoven. Mais pour des raisons financières, il ne peut poursuivre ces prestigieuses manifestations et reprend sa carrière de pianiste en 1905.

Musique en trio

En 1905, il fonde avec Pablo Casals et Jacques Thibaud un trio de musique de chambre dont la réputation devient rapidement internationale. Le trio eut un succès considérable qui fit sortir ce genre musical des salons pour l’imposer sur les scènes de concert.

Pédagogue

Conjointement à ses activités d’interprète, Alfred Cortot mène une carrière d’enseignant. Il est nommé professeur de la classe féminine de piano au Conservatoire de Paris en 1907. Il a comme premières étudiantes Yvonne Lefébure, Magda Tagliaferro et Clara Haskil. Toute sa vie durant, il fera alterner concerts et enseignement.

Apogée

La période de l’Entre-deux-guerres est l’apogée de la carrière artistique de Cortot. C’est durant cette période qu’il rédige la plupart de ses ouvrages: des écrits pédagogiques (Méthodes de piano, Éditions commentées), des écrits littéraires (La Musique française de piano, Préfaces, etc.).
Son livre La Musique française de piano est un recueil d’articles sur l’œuvre pianistique de Franck, Debussy, Ravel ou le Groupe des six. Cortot s’attache tout particulièrement à mettre en valeur la musique française de son temps.
Cortot est devenu l’un des musiciens les plus importants de la vie musicale internationale. Le pays où il a le plus de succès est celui où il a vraiment débuté sa carrière : l’Allemagne. Les Allemands le considèrent dès la fin des années 1920 comme « le plus grand pianiste de son temps» et « l’interprète le plus autorisé de Schumann ».

L’École normale de musique de Paris

Après une tournée aux États-Unis en 1918, il fonde en 1919 avec Auguste Mangeot, directeur de la revue Le Monde musical, l’École normale de musique de Paris qui porte désormais son nom.

Les dates clés de l’École

1919
Fondation, le 6 octobre, par Alfred Cortot et Auguste Mangeot de l’École Normale de Musique de Paris. Institution privée, elle a pour but d’affirmer le rayonnement culturel de la France, comme de former des enseignants et des virtuoses grâce à un dispositif pédagogique complet, portant sur l’étude approfondie d’un instrument, le solfège, l’écriture, l’histoire de la musique, la pratique du répertoire et de la pédagogie. Alfred Cortot le définit de la manière suivante par: « Il n’omet rien … il est le résultat de l’homogénéité établie entre les diverses branches de l’enseignement général et les divers enseignements spéciaux ».
Les meilleurs professeurs rejoignent Cortot : son ancienne élève Yvonne Lefébure et Nadia Boulanger pour le piano, Marcel Dupré pour l’orgue, Wanda Landowska pour le clavecin, Jacques Thibaud pour le violon, Pablo Casals et André Navarra pour le violoncelle, Charles Panzéra et Pierre Bernac pour le chant, Georges Enesco, Paul Dukas et Arthur Honegger pour la composition.

1927
L’École s’installe au 114bis, boulevard Malesherbes, dans un hôtel particulier donné par la Marquise de Maleissye

1929
Inauguration, en juin, de la Salle Cortot, salle de concerts de l’École et lieu d’expression des étudiants.

1962
Décès d’Alfred Cortot. Il aura présidé aux destinées de l’École pendant quarante-trois ans.
Vont lui succéder le compositeur Pierre Petit en tant que Directeur de l’École et en 1964 le chef d’orchestre Charles Munch en tant que Président.

1968
Le compositeur Henri Dutilleux est nommé Président de l’École. Il le restera jusqu’en 1974.

2001
Restauration de la Salle Cortot grâce au soutien du Ministère de la Culture et de Madame Liliane Bettencourt.

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Carte postale représentant les professeurs de l’Ecole en 1925 © ENMP